Excision : la blessure éternelle

L’excision ou comme le corps médical préfère appeler « mutilations sexuelles féminines » est définit selon l’OMS par des interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales. Cependant, la définition que je trouve la plus adéquate est celle du Docteur Pierre FOLDES* : «  un crime multiple fait de viol collectif, d’inceste, de mutilations et d’ignorance ».

Et comme vous pouvez le remarquer l’OMS a utilisé la locution « mutilations sexuelles féminines » au pluriel, et ce pour la diversité des méthodes dont cette coutume –dans certains pays, est pratiquée.

En effet, on distingue plusieurs formes de mutilations génitales qui vont de la clitoridectomie (ablation du clitoris), parfois accompagnée d’une excision de la petite lèvre, ou celle de la totalité des parties génitales externes avec couture et rétrécissement de l’orifice vaginal, qu’on appelle infibulation et qui est la forme la plus douloureuse (Il y’a également d’autres méthodes que je ne développerai pas dans ce billet).

Cette pratique remonte à 5000 années avant Jésus-Christ en Egypte, durant l’ère pharaonique. Elle s’est ensuite répandue dans les pays de l’Afrique de l’est et certains pays subsahariens (Soudan, Ethiopie, Kenya, Sénégal, Ghana, Nigeria, Benin..), l’Asie (Indonésie, Malaisie, Pakistan..). La plupart de ces pays ont recours à cette pratique suite à des raisons culturelles, traditionnelles, ou même religieuses.

En effet, certaines populations qui pratiquent l’excision le font sous un prétexte hygiénique, esthétique, ou même pour la préservation de la virginité, l’amélioration du plaisir masculin ou l’interdiction à la femme d’avoir accès à l’orgasme. D’autres le font sous prétexte religieux (la plupart est musulmane), sachant qu’aucun verset du Coran ou hadith du prophète SAW ne l’ordonne à ses croyants.

D’autres ont utilisé l’excision pour des raisons «médicales », cela a été le cas en Europe et notamment  en Angleterre. La clitoridectomie y a été initiée en XIXe siècle par le gynécologue obstétricien  Isaac BAKER BROWN qui, selon ses recherches, avait conclu que la plupart des maladies nerveuses prenaient leur source dans la masturbation. Il recommandait alors la clitoridectomie autant qu’intervention chirurgicale pour l’épilepsie ou l’hystérie. Mais cela lui causera la perte de sa carrière suite à son accusation de pratiquer ces interventions sans le consentement du mari ou du père.

Mais qu’en est-il du consentement de la personne elle-même ?! Certes, les exciseurs ne peuvent le leur demander puisqu’il ne s’agit, dans la plupart du temps que de jeunes fillettes entre 4 à 12 ans selon l’UNICEF. 4 à 12ans : l’âge des premiers souvenirs. Quelles retombées psychologiques a cette pratique sur les jeunes femmes qu’elles deviendront ?! Mal être et vie sexuelle perturbée se trouvent en tête de liste. En effet, deux conséquences souvent dûes à un sentiment de trahison par ses propres parents, de ne pas se sentir maître de son propre corps, de ne pas pouvoir éprouver un désir sexuel, de ne pas pouvoir se sentir complète…. Mais cela n’est pas tout, puisque l’excision a également des effets sur la santé des femmes et filles. Comme l’indique d’ailleurs le dernier rapport de la société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) publié en février 2012 et d’où je tire certaines conséquences physiques : douleur intense, choc, rétention urinaire, infections de l’appareil génital, des complications lors de l’accouchement, la mise en péril du nouveau-né….

J’aimerais conclure avec des mots durs mais qui relèvent de la réalité : qui sommes-nous pour décider de limiter la libido de la femme, pour décider si oui ou non elle doit avoir accès à l’orgasme, pourquoi devrait-elle être l’esclave du plaisir masculin ?! Un ami m’avait clairement dit : « je pense sérieusement qu’il faudra entamer l’action à l’échelle internationale, auprès des Nations Unies et des organismes des droits de l’enfant/Homme, et sensibiliser aussi les instances islamiques pour que l’occident ne tombe pas dans le piège de la confusion et des stéréotypes ».  Je rejoins ma voix à la sienne, et je dis qu’il est temps de criminaliser cette pratique dans les pays concernés. Et je trouve que quelque soit les prétextes que ces populations usent, la raison majeure est de garder la dominance sur la gent féminine.

*Pierre FOLDES est un chirurgien français, qui en collaboration avec l’urologue le docteur Jean-Antoine ROBEIN, invente une méthode chirurgicale permettant de réparer les dommages causés par l’excision.

SAOUD IZEM Sarah